Dans l'introduction: " Cette élection a été étrange: les socialistes
se sont laissé persuader de choisir comme candidate, sur une promesse de
victoire, celle qui était la moins capable de gagner".
page 12: " Quant à la conduite de la campagne de 2002, je n'écarte
évidemment pas ma propre responsabilité."
page 15, à propos de l'attitude de la droite après la "victoire" de
Chirac en 2002: "Ravie d'une victoire aussi inattendue, la droite n'a
songé qu'aux siens, sans craindre de frustrer ceux qui avaient pourtant fait
preuve d'un beau désintéressement civique. Cela a sans doute accentué,
ensuite, l'impopularité de sa politique."
page 26, à propos du PS et de ses dirigeants: " Chez nous, encore
aujourd'hui, il y a ceux qui sont d'abord des militants, puis deviennent des
élus, des membres de cabinet, voire des ministres; et ceux qui, entrés
d'emblée dans les lieux de pouvoir, y ont découvert la politique. Sans parler
de ceux, grands donneurs de leçons et professeurs de rénovation qui, tel
Arnaud Montebourg, nous ont rejoint en 1997 directement pour se faire élire
(avec mon soutien sur le terrain) et qui, depuis, préfèrent cultiver leur
image personnelle plutôt que de s'atteler vraiment à construire une grand
force socialiste."
page 27, à propos des partis politiques: "Aussi, je m'étonne de
l'hostilité que leur vouent certains intellectuels ou certains journalistes. Un
parti est toujours pour eux réduit à un appareil, ce n'est jamais une
communauté vivante. Pour ma part, je ne me suis jamais senti abaissé ni privé
de jugement parce que j'avais choisi l'engagement militant."
page 28: "Malgré la forte décrue du chômage obtenue par mon gouvernement
et des mesures sociales significatives, nous n'avons pas su gagner le vote
ouvrier en 2002. Il faudra plus qu'un discours sécuritaire et des banalités
sur les valeurs familiales pour le conquérir durablement.
.............Les militant ont le goût du débat et une vraie culture
démocratique. En somme, ce parti réunit des citoyens assez soucieux de
solidarité pour ne pas se satisfaire de l'individualisme ambiant et assez
organisés pour essayer d'influer sur le destin collectif de leur pays."
page 29: "Le succès de Ségolène Royal dans les sondages et dans la
primaire a tenu sans doute d'abord à sa qualité de femme. Elle même a
d'ailleurs beaucoup joué de ce qu'elle a appelé sa différence
"visible"."
page 30: "L'autre raison majeure du succès a été la conviction martelée
par ses partisans auprès de nombre d'élus et d'adhérents du PS que seule
Ségolène Royal pourrait battre Nicolas Sarkozy et nous faire gagner. Les
sondages ont joué alors un rôle tout à fait décisif dans la détermination
des socialistes.
.............Avant 1981, quand nous avons eu à choisir entre François
Mitterrand et Michel Rocard, nous n'avons pas suivi les sondages - ils étaient
tous défavorables à François Mitterrand - ni spéculé avant l'heure sur qui
nous donnerait la victoire. Nous avons simultanément adopté une orientation
politique, opté pour une stratégie et choisi une personnalité."
page 32 à propos de la candidate: " Elle a au contraire pris ses distances
avec la direction du Parti Socialiste, conduite par son compagnon, pour mieux
suggérer un contraste avec ses rivaux. Elle a moins cherché à réhabiliter la
politique aux yeux des citoyens qu'à s'exempter elle-même, et elle seule, de
ses imperfections. Elle a avant tout cherché à étonner et à plaire en
avançant des propositions susceptibles de marquer son originalité."
page 38, dans le chapitre "une victime ?": "Deux ans après sa
sortie de l'Ecole nationale d'administration, elle entre à l'Elysée en 1982;
à l'âge de vingt-neuf ans, sans avoir jamais milité ni exercé vraiment un
métier".
page 41: " Quant aux médias, ils sont loin d'avoir maltraité Ségolène
Royal, en particulier tant qu'il s'agissait pour elle de devancer ses rivaux
socialistes"
page 58: "Les diverses annonces du début de campagne ont eu une fortune
plus ou moins grande par la suite. Certaines d'entre elles ont été mises en
sourdine, d'autres non. Mais elles sont toutes conçues pour focaliser
l'attention (comme un arbre cachant la forêt), pour dispenser d'avoir à
présenter une politique globale et, surtout, pour provoquer une adhésion
immédiate (généralement attestée par un sondage). Elles sont toutes
impossibles à mettre en pratique. Elles sont enfin assez décalées dans leurs
inspirations par rapport aux références classiques de la gauche. Elles veulent
désarçonner et séduire à la fois. En somme, elles relèvent plus de l'art de
communiquer que de celui de gouverner. On retrouvera cette manière dans toute
la campagne"
page 61: "On ne peut pas se démarquer constamment du PS et de ses leaders
et leur imputer ensuite la défaite."
page 63: ".. notre candidate a délibérément négligé de se livrer à
une critique serrée du bilan de la droite. Ce fut là une grave erreur.
Rarement, dans notre pays, deux gouvernements successifs étaient devenus
impopulaires en si peu de temps."
page 64 : "D'où cette insistance à maintenir tous les responsables
socialistes dans un rôle de figuration - dans les rendez-vous politiques, les
visites de terrain comme dans les meetings. Cette volonté obstinée de parcours
solitaire reste énigmatique................
........Mais entre François Mitterrand et elle, l'histoire des socialistes
devait disparaître."
page 67: "Il est vrai que Ségolène Royal avait préféré, contre tout
bon sens et au mépris des faits, commencer sa campagne en critiquant les 35
heures, une mesure phare de notre gouvernement. Cela nous mettait en position de
faiblesse. L'attitude juste aurait été de défendre les 35 heures, en tant
qu'un des outils d'une politique globale, quitte à évoque des ajustements
possibles."
page 71: "La raison fondamentale de l'échec de Ségolène Royal
réside en elle-même. Il tient à sa personnalité. Il était inscrit dans son
style de campagne comme dans ses choix politiques."
page 73: "A la veille de la présidentielle, on avait bien du mal situe
nettement Ségolène, à connaître sa pensée sur les grands problèmes du
pays, voir sur les questions qui agitaient son parti. On l'avait entendu
communiquer sur la violence à la télévision, sur la pilule du lendemain, sur
le string, sur la pédophilie ou sur les valeurs familiales, sujets qui
n'étaient pas sans intérêt. Mais, en politique économiques, sur les Affaires
étrangères et la défense, sur les grandes questions sociales, sur les
institutions et sur l'Europe, elle s'était jusque-là fort peu
exprimée."
page 75: "Mais son isolement volontaire, ce soin mis à éloigner d'elle
dans les réunions publiques les autres responsables socialistes, cette manière
de s'offrir longuement, sans jamais les interrompre, aux ovations et aux
applaudissements, comme dans une cérémonie d'adoration, étaient révélateurs
d'un rapport particulier à la la politique incitant au culte de la
personnalité."
page 88: " Car cette personnalité n'a pas les qualités humaines ni les
capacités politiques qui seront nécessaires pour relancer le Parti Socialiste
et espérer gagner les prochaines élections présidentielles."
page 101 à propos de l'extrême gauche: "Or, se prétendre
révolutionnaire quand on ne peut plus faire la révolution, c'est tromper les
autres et se leurrer soi-même."
page 102: "On ne saurait leur attribuer non plus le mérite des dernières
avancées sociales: nouveaux congés payés, retraite à 60 ans, 35 heures,
Revenu minimum d'insertion, Couverture maladie universelle ou parité.
L'extrême gauche ne fait ni révolution ni réformes."
page 133: "Cependant, le PS est, idéologiquement, social-démocrate. Comme
ses partis frères, il se réclame de la démocratie autant que du socialisme.
Il est trop attaché aux libertés pour détruire, par l'expropriation des
moyens de production, le système de la propriété privée. Mais il entend
transformer le capitalisme. Par quels moyens ? Par une intervention régulatrice
de l'Etat dans l'économie, par l'existence de services publics forts, par une
meilleure répartition des revenus entre le travail et le capital, par des
mesures sociales et des avancées dans le droit du travail. De quelle manière ?
Par des réformes graduelles, introduites par la loi ou par des accords
négociés entre les partenaires sociaux."
page 136: "La vraie façon de créer une nouvelle dynamique, pour changer
la donne à gauche en épargnant au Parti socialiste l'oscillation entre une
union de la gauche insuffisante et une alliance au centre hasardeuse, serait de
rassembler dans une même formation politique toutes les forces qui travaillent
à faire vivre des sociétés post-capitalistes. Des sociétés respectueuses de
la dignité humaine et où le marché est un instrument et non une fin. Après
le stage de l'union de la gauche viendrait celui de son unité."